Critique sur La Table Tournante

Paul Grimault, image par image
Paris, 21 décembre 1988

Les dessins animées de Paul Grimault étaient autrefois projetés en première partie de programme : le public avait alors droit à ces merveilles que sont "Le voleur de paratonnerres" et "Le petit soldat". A quatre-vingt trois ans, le chef de file du dessin animé français a la bonne idée de nous offrir en cadeau de Noël un grand film composé des courts métrages qui jalonnent sa carrière. Son titre, "La table tournante" évoque à la fois son premier essai d'animation pour un film publicitaire de 1931, et la table de montage sur laquelle on le voit dérouler ses dessins animés. Car Paul Grimault apparaît dans son film "en chair et en os", filmé par Jacques Demy, qui débuta comme assistant de Grimault. On le voit d'abord s'extirper de la peau d'un ours, puis arriver au studio avec une boîte de film sous... la patte. Après quoi le réalisateur reçoit la visite de la plus humble de ses créatures, le petit clown du "Roi et l'oiseau", curieux de découvrir les films antérieurs à sa naissance. Grimault ne se fait pas prier pour lui présenter ses courts métrages, assortis de quelques commentaires et tours de passe-passe. Plus qu'une anthologie de son oeuvre, "La table tournante" est un spectacle plein de fantaisie et de charme, combinant prise directe et animation. L'artiste nous gratifie aussi de son petit dernier, "Le fou du roi", une magistrale pochade au style rajeuni.